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esclaves, j’ai pris sa place, jusques à ce que tu aies fait connoître sur qui tu veux jeter les yeux.

Deux jours après sa mort, on m’apporta une de tes lettres qui lui étoit adressée : je me suis bien gardé de l’ouvrir ; je l’ai enveloppée avec respect, et l’ai serrée jusques à ce que tu m’aies fait connaître tes sacrées volontés.

Hier, un esclave vint, au milieu de la nuit, me dire qu’il avait trouvé un jeune homme dans le sérail : je me levai, j’examinai la chose, et je trouvai que c’étoit une vision.

Je te baise les pieds, sublime Seigneur ; et je te prie de compter sur mon zèle, mon expérience et ma vieillesse.

Du sérail d’Ispahan, le 5 de la lune de Gemmadi 1, 1718.

LETTRE CL.

USBEK À NARSIT.
Au sérail d’Ispahan.


Malheureux que vous êtes ! vous avez dans vos mains des lettres qui contiennent des ordres prompts et violents ; le moindre retardement peut me désespérer : et vous demeurez tranquille sous un vain prétexte !

Il se passe des choses horribles : j’ai peut-être la moitié de mes esclaves qui méritent la mort. Je vous envoie la lettre que le premier eunuque m’écrivit là-dessus avant de mourir. Si vous aviez