Page:Montesquieu - Lettres persanes II, 1873.djvu/80

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« Que tout laboureur ayant cinq enfants retranchera journellement la cinquième partie du pain qu’il leur donne. Enjoignons aux pères de famille de faire la diminution, sur chacun d’eux, aussi juste que faire se pourra.

« Défendons expressément à tous ceux qui s’appliquent à la culture de leurs héritages, ou qui les ont donnés à titre de ferme, d’y faire aucune réparation, de quelque espèce qu’elle soit.

« Ordonnons que toutes personnes qui s’exercent à des travaux vils et mécaniques, lesquelles n’ont jamais été au lever de notre majesté, n’achètent désormais d’habits, à eux, à leurs femmes et à leurs enfants, que de quatre ans en quatre ans ; leur interdisons en outre, très-étroitement ces petites réjouissances qu’ils avoient coutume de faire, dans leurs familles, les principales fêtes de l’année.

« Et, d’autant que nous demeurons avertis que la plupart des bourgeois de nos bonnes villes sont entièrement occupés à pourvoir à l’établissement de leurs filles, lesquelles ne se sont rendues recommandables dans notre État que par une triste et ennuyeuse modestie, nous ordonnons qu’ils attendront à les marier jusqu’à ce qu’ayant atteint l’âge limité par les ordonnances, elles viennent à les y contraindre. Défendons à nos magistrats de pourvoir à l’éducation de leurs enfants. »

De Paris, le premier de la lune de Chalval 1718.