Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/111

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la vertu ; qui, aux qualités qui donnent une grande réputation, joignoit encore cette sorte de mérite qui ne fait point de bruit, et toutes ces vertus sur lesquelles on se néglige si aisément, peut-être parce qu’elles sont nécessaires, et qu’elles sont les vertus 5 de l’homme, et non pas de l’homme illustre.

C’étoit un de ces hommes accomplis, infiniment plus rares que ceux qu’on appelle communément des hommes extraordinaires, que ceux qui, avec des secours étrangers, et souvent avec quelques vices, 10 trouvent le chemin de la gloire...

Vous décrirez, d’abord, le bonheur des peuples: ce bonheur tant de fois promis, toujours espéré, aujourd’hui goûté, senti.

Vous- êtes, MM., comme ces enfants, à qui des i5 pères illustres ont laissé un grand nom à soutenir, et qui, s’ils dégénéroient, seroient encore avilis par l’éclat même de leurs ayeux...

L’illustre Richelieu ne fut votre protecteur qu’en se gardant le droit d’être votre rival. Il tint indiffé- ao remment toutes les routes qui pouvoient mener à la gloire. Il courut la carrière de vos poètes et de vos orateurs. Ce ne fut pas assez pour lui de la supériorité de l’esprit: il ambitionna encore la supériorité des talents. Il étoit indigné d’une seconde 25 place, dans quelque ordre qu’il la trouvât. Il sentit le premier que le Cid ne devoit point étonner son génie, et que la première place de la poésie françoise pouvoit être encore disputée.

Quand vous le combleriez de mille nouveaux 30 éloges, vous ne sauriez ajouter un seul jour à