Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/16

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PRÉFACE

Bien que nous donnions aux volumes qu’on va lire le titre de Pensées et Fragments inédits de Montesquieu, plusieurs des morceaux qui s’y trouvent sont déjà connus. Dans les recueils des Œuvres (soi-disant) complètes de l’Auteur, on rencontre, en effet, un nombre variable d’extraits plus ou moins étendus des manuscrits que nous allons publier intégralement. Mais les plus riches ne reproduisent pas même un vingtième du contenu des trois gros volumes auxquels ils font des emprunts. De plus, les textes y ont été imprimés sur des transcriptions hâtives, pas toujours exactes1. Enfin, beaucoup des réflexions de Montesquieu sont rapprochées arbitrairement les unes des autres, ou bien isolées de l’ensemble qui en fixe le sens et la valeur.

A la lecture des quelques pages dont nous parlons, nul n’aurait imaginé que l’auteur de l’Esprit des Lois eût laissé une riche mine de documents, pleins de détails précieux sur toute sa vie intellectuelle ou littéraire, et particulièrement sur la seconde moitié.

Il en est, cependant, ainsi.

Si les Voyages de Montesquieu indiquent, presque jour par jour, ses étapes à travers l’Empire d’Allemagne,

1. Dans le tome II des Pensées (manuscrites), au verso du folio 100, Montesquieu a écrit, entre une réflexion sur les neveux et une citation (biffée) d’un mot plus ou moins drôle: t Je vay comencer par une sotte chose, qui est ma généalogie. » Les éditeurs ont imprimé : t Je fais faire une asstM sotte chose, c’est, etc. » Ce texte altéré a fourni à un critique grave une preuve de la vanité de Montesquieu)