Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/177

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Moribus Germanorum) de la différence des fonctions de Roi, chez les Germains, lequel avoit l’autorité civile, d’avec les fonctions du Duc, qui avoit les militaires ; ce qui est la clé des commencements de la monarchie françoise. 11 est bien vrai que 5 c’étoit la Noblesse et le Clergé qui, sous la première et la seconde race, avoient la judicature et les finances, parce que le Tiers-Etat n’étoit rien ; que les ducs, les comtes, etc., administroie-nt la justice. Mais remarquez que l’Europe étoit une 10 aristocratie.

M. l’abbé Dubos ne commence la division des deux pouvoirs que sous Louis XII. Mais ne faudroitil pas plutôt la commencer du temps où l’ignorance de la Noblesse donna la plupart des fonctions civiles i5 au Tiers-État? Il dit que la distinction vint de Louis XII et ses successeurs, qui firent plusieurs ordonnances pour ôter à ceux qui avoient le pouvoir militaire dans un certain district, de se mêler des matières de justice. De tout ce qu’il dit là- 20 dessus, il n’y a rien de fondé, si ce n’est qu’il n’y avoit point dans l’Empire, depuis le changement de Constantin, deux états: l’un, de la robe ; l’autre, de l’épée, exclusifs l’un de l’autre : de sorte que celui qui avoit pris l’un ne pouvoit plus prendre 25 l’autre ; que l’empereur Avitus, qui fut d’abord préfet du prétoire, fut ensuite maître de la milice et passa, comme dit Sidonius, des tribunaux de justice dans les camps. Il est vrai qu’autrefois la distinction étoit dans les charges, et qu’aujourd’hui elle est 3« dans les états.