Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/196

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mœurs. Elles mirent en liberté toute l’atrocité des âmes : elles annonçoient des récompenses pour tous ceux qui porteroient la tête d’un proscrit, ou qui découvriroient les lieux où il s’étoit caché.

5 327* (1921. III, f° 149). — Mœurs corrompues. — C’est pour lors qu’un honnête homme passe sa vie dans une espèce d’étonnement ; qu’il est, pour ainsi dire, seul dans le Monde ; que tous les liens d’humanité l’effarouchent, parce qu’il ne trouve aucun

o homme dont il voulût être protégé, aucun dont il voulût être le protecteur, aucun homme sociable qu’il voulût avoir pour ami, aucune femme dont il voulût être le mari, aucun enfant dont il voulût être le père.

5 328* (1732. III, f° 50 v°). — Les heures où notre âme employe le plus de force sont celles qu’on destine à la lecture ; parce qu’au lieu de s’abandonner à ses idées, souvent même sans s’en apercevoir, elle est obligée de suivre celle des autres.

o Eh bien! nous passons notre vie à lire des livres qui ont été imaginés pour les enfants. Et comment ne serions-nous pas frivoles, puisque nous le sommes dans les choses mêmes dont l’effet naturel seroit de nous empêcher de l’être?

^ 329* (1736. III, f5 53).— Une preuve de ce que je dis, c’est que les nations chez lesquelles l’ignorance est établie par un tribunal particulier sont aussi celles qui ont fait les plus grandes fautes en fait