Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/358

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Ces chartres accordées à divers seigneurs et pays sont encore au Trésor des Chartres et, entre autres, celle appelée Chartre normande, la plus fâcheuse pour les Roix. Il en reste huit. Elles furent données 5 après qu’on eût envoyé des commissaires dans les provinces pour réparer le grief qui avoit donné lieu aux associations faites contre Philippe-le-Bel, et il paroît que le principal but du Roi étoit de retirer l’original de ces associations, et celles qui sont au

10 Trésor des Chartres sont celles qui furent retirées pour lors. Le comte de Boulainvilliers dit que ces pièces sont le principal monument de notre liberté et l’auroient conservée sans la continuelle inattention de notre nation1. Il paroît encore qu’il fit davan

i5 tage, dit le comte. Nicole Gilles nous apprend, dit-il, que le Hutin rendit, outre ce, une déclaration par laquelle il reconnut, tant pour lui que pour ses successeurs, qu’il ne pourroit lever aucuns deniers sans le consentement des trois états, qui en feroient

20 eux-mêmes l’emploi et le recouvrement. Il y a des auteurs, dit le comte, qui révoquent en doute cette déclaration parce qu’elle ne se trouve pas au Trésor des Chartres. Mais il est clair qu’elle a été le fondement de l’autorité que les trois états ont prise

25 depuis ce temps-là ; outre qu’elle est si relative aux chartres susdites que, sans cela, elles ne pourroient subsister. Le Roi y déclare qu’il renonce à imposer aucune taille ou aide sans une évidente nécessité ou une évidente utilité. Or, cela ne

1. Voyez ce qu’il dit chapitre II, page 97.