Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/365

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Cardinal : il est plein de feu, de mouvement ; il est plein d’une certaine impétuosité dans les phrases, d’un certain génie naturel, d’une grande inexatitude (sic). Enfin, on voit le style d’un homme qui a toujours commencé à écrire, et qui n’a jamais écrit. 5 Enfin, on y voit plutôt l’homme que l’écrivain, et je suis persuadé que ceux qui ont rédigé ont plutôt mis dans l’ouvrage l’ordre que les choses.

M. de Voltaire ne peut guère dire que le style du Testament ne ressemble pas aux autres ouvrages 10 du cardinal de Richelieu. On sait que, ses ouvrages théologiques, il ne les a pas plus faits que nos évêques [n’] ont fait leurs mandements. Adopteroit-on le style des ouvrages qu’il n’a point faits pour juger de ceux qu’il a faits ? i5

A l’égard de ce qu’on trouve dans le Testament, que l’on prétend que la régale s’étend partout, parce que la couronne du Roi est ronde, ce n’est point une pensée du Cardinal ; il la cite (me semble) comme une pensée des jurisconsultes. 20

Je dis donc que le Testament politique est du Cardinal, parce que j’y trouve son caractère, son génie, ses passions, ses intérêts, ses vues, et jusques aux préjugés de son état et de la profession qu’il avoit embrassée. Seroit-ce M. de Bourzeis, jansé- 25 niste décidé, qui auroit voulu anéantir les appels comme d’abus ? Seroit-ce M. de Bourzeis, qui auroit imaginé des choses si spécieuses pour empêcher qu’un ministre ne pût jamais être déplacé, ni convaincu de mal gouverner ? Seroit-ce M. de 3o Bourzeis, qui auroit fait faire des recherches si difficiles,