Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/371

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rent fonder une nouvelle monarchie. Il évita les brouilleries, assembla souvent la Nation. Les arts et les sciences semblèrent reparoître. On eût dit que le peuple françois alloit détruire la Barbarie.

Sous cette seconde race, les seigneurs exercèrent 5 la même autorité que sur (sic) la première. Mais plusieurs causes abaissèrent et détruisirent cette double puissance, de roi et de chef, que Pepin avoit réunie dans sa personne et celle de ses successeurs.

i° Les grands officiers, ceux qui avoient des 10 emplois dans les provinces, dans les villes, devinrent successifs.

2° Les évêques, qui avoient eu beaucoup d’autorité sous la première race, l’augmentèrent beaucoup sous la seconde. Il faut chercher l’origine de cette i5 autorité avant les temps-mêmes de l’établissement de la Religion chrétienne. Nous voyons dans Tacite (De Moribus Germanorum) que ces peuples ne faisoient rien sans avoir consulté les prêtres. Ainsi les seigneurs françois devenus chétiens se trou- 20 vèrent disposés à consulter des évêques, comme ils avoient consulté leurs prêtres. Cette autorité s’étendit de deux manières : i° Elle se propagea avec la Religion et acquit avec chaque prosélyte de nouveaux défenseurs ; 20 les assemblées ecclé- 25 siastiques devinrent plus réglées ; leur (?) corps particulier se sépara davantage, et leurs intérêts devinrent plus unis : ce qui les mit en état de faire eux seuls des révolutions dans la Nation et de déposer les Roix sous des prétextes même inouïs, 3o comme ceux de pénitence et de discipline.