Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/462

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648 (1g83. III, f° 28o). — Il faut établir les principes de l’empire et de l’obéissance. Y a-t-il des cas où il

5 soit permis à un sujet de désobéir à son prince ? Il ne doit rien faire pour lui, et ce seroit penser d’une manière bien bizarre d’avoir tant de respect pour les ordres et d’en avoir si peu pour l’honneur de son prince. Il est très dangereux à un prince d’avoir

10 des sujets qui lui obéissent aveuglément. Si l’inca Athualpa n’avoit pas été obéi par ses peuples comme par des bêtes, ils auroient empêché cent soixante Espagnols de le prendre. S’il avoit été moins obéi depuis sa prison, les généraux péruviens auroient

i5 sauvé l’Empire. Si Manco-Inca, étant au pouvoir des Espagnols, n’avoit, par ses ordres, empêché le soulèvement de ses peuples, les Espagnols n’auroient pas eu le temps de se fortifier contre lui. Si Mo[n]tezuma, prisonnier, n’avoit été respecté que

20 comme un homme, les Mexicains auroient détruit les Espagnols. Et, si Guatimozin, pris, n’avoit pas d’un seul mot fait cesser la guerre, sa prise n’auroit pas été le moment de la chute de l’Empire, et les Espagnols auroient craint d’irriter ses sujets par

25 son supplice.

649* (1984. III, f° 281). — Un parfait monarque est celui qui, juste envers ses sujets, juste encore envers ses voisins, forcé quelquefois d’avoir des ennemis, cesse de leur être redoutable sitôt qu’il les a vaincus.