Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/478

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Quant un sultan manque de parole, nous sentons que c’est une action que nous pourrions faire aussi facilement que lui.

» La finesse est une arme défensive ; c’est la res5 source des gens foibles, et on ne peut pas souffrir qu’un prince employe cette ressource dans le même temps qu’il use de sa puissance : ce sont trop d’avantages dans une main.

» La force peut être utile aux hommes mêmes qu’elle

10 soumet : elle peut être utile au vaincu comme au vainqueur. Il s’est évertué par la résistance même et s’est rendu par là semblable au conquérant ou digne de lui. Mais la ruse n’est point utile aux hommes : il ne leur est point utile d’être trompés, ni de tromper ;

i5 mais la ruse avilit la Nature humaine : elle fait le vainqueur le sujet du mépris, et le vaincu l’objet de la pitié ». >

670* (163i. II, f°496).— Le Prince ». — Il doit penser que des villages entiers ne peuvent suffire à payer

ao une pension qu’ils (sic) donnent à des grands seigneurs tout prêts à devenir misérables ou à des misérables tout prêts à devenir grands seigneurs, et qui souvent n’ont d’autre mérite pour l’obtenir que la hardiesse de la demander.

25 On avoit mis dans l’esprit d’un grand monarque

1. Voyez (je vous prie), combien on est attristé de voir un Mogol qui vous donne un burleik ou petit sachet, qui est une marque de sa faveur, qu’on est obligé, par devoir et par reconnoissance, de porter au nez, et qui souvent est empoisonné. Quelle facilité pour faire des crimes et des grands crimes !

2. Je l’ai copié pour le roman à’Arsace.