Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/48

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» J’ai naturellement eu de l’amour pour le bien et l’honneur de ma patrie, et peu pour ce qu’on en appelle la gloire; j’ai toujours senti unejoye secrète lorsque l’on a fait quelque règlement qui allât au

5 bien commun.

» Quand j’ai voyagé dans les pays étrangers, je m’y suis attaché comme au mien propre : j’ai pris part à leur fortune, et j’aurois souhaité qu’ils fussent dans un état florissant.

10 »J’ai souvent cru trouver de l’esprit à des gens

qui passoient pour n’en avoir point. »Je n’ai pas été fâché de passer pour distrait:

cela m’a fait hasarder bien des négligences qui

m’auroient embarrassé. i5 » Dans les conversations et à table, j’ai toujours

été ravi de trouver un homme qui voulût prendre la

peine de briller: un homme de cette espèce présente

toujours le flanc, et tous les autres sont sous le

bouclier.

ao » Rien ne m’amuse davantage que de voir un conteur ennuyeux faire une histoire circonstanciée, sans quartier : je ne suis pas attentif à l’histoire, mais à la manière de la faire. » Pour la plupart des gens, j’aime mieux les apab prouver que les écouter.

» Je n’ai jamais voulu souffrir qu’un homme d’esprit s’avisât de me railler deux jours de suite.

» J’ai aimé assez ma famille pour faire ce qui alloit au bien dans les choses essentielles; mais je me

3o suis affranchi des menus détails.

» Quoique mon nom ne soit ni bon, ni mauvais,