Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/482

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Cette universalité des choses, dira un athée, ne doit point avoir de cause : car, s’il falloit en supposer une, les mêmes raisonnements supposeroient une cause à cette cause ; ainsi à l’infini. 5 Cette matière existante aura des propriétés, et ces propriétés seront ses loix, que nous connoissons par le résultat des propriétés et des effets généraux nécessaires.

Comme ’notre vue est très bornée, et que nous 10 ne voyons que des parties, nous n’avons de façon de juger des propriétés de la matière, et conséquemment des loix de la nature, que par les effets qu’elles produisent : car, pour juger autrement, il faudroit connoître le tout ensemble ; moyennant quoi nous i5 tirerions, de la connoissance de la cause, la connoissance des effets ; au lieu que nous sommes obligés de tirer, de quelques effets, la connoissance de la cause.

Les propriétés de la matière ou loix de la nature 20 sont, dira l’athée : i° l’étendue ; 2° la force, qui est le mouvement ; 3° les facultés qu’ont les corps de s’attirer ou de se repousser ; 40 la gravitation ; 5° la faculté qu’a la matière de végéter ; 6° celle qu’elle a de s’organiser ; 70 celle qu’elle a de sentir ; 8° celle 25 qu’elle a de penser.

Celle de ces propriétés qui est cette force qu’ont tous les corps pour se mettre en action, se trouve et dans les corps que nous appelons en mouvement, et dans ceux que nous appelons en repos. Le mouve3o ment et le repos sont différents, mais non pas contradictoires. Les corps, dans ces deux états, ont