la Divinité, s’il lui avoit donné une autre figure que la sienne. Car, comme dit l’épicurien Velleius dans Cicéron (livre Ier, De Natura Deorum) : « Quœ compositio membrorum, quœ conformatio lineamen5 torum, quœ figura, quœ species humana potest esse pulchrior ?Quod si omnium animantium formam vincit Hominis figura, Deus autem animans est : ea profecto figura est quœ pulcherrima sit omnium. >
10 D’ailleurs, comme la raison doit être un des principaux attributs de Dieu, et que les sens semblent nous dire qu’il n’y a que les substances qui ont une figure humaine qui soient raisonnables, ils lui donnèrent facilement une manière d’être de laquelle ils
i5 croyoient que la raison étoit inséparable. « Quoniam..., dit Velleius, Deos beatissimos esse constat, beatus autem esse sine virtute nemo potest, nec virtus sine ratione consistere, nec ratio usquam inesse, nisi in Hominis figura : Hominis esse specie Deos confi
20 tendum est. » Ce ne sont point des raisonnements de la philosophie, mais de la nature ; des raisonnements qui se forment dans les sens et l’imagination, dont tous les hommes sont la dupe, et qu’on peut appeler les véritables fruits de Venfance.
îb Les hommes, accoutumés à juger par jce qu’ils voyoient, de ce qu’ils ne voyoient pas, n’eurent pas plus de peine à se mettre dans l’esprit qu’il y avoit dans les Dieux une différence de sexe. Tous ces raisonnements se faisoient sans attention : l’esprit
3o s’y accoutumoit à mesure que le corps s’avançoit en âge. Ainsi il ne faut pas s’étonner si la Religion