Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/506

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que celle qui tombe sur la cime des montagnes suffit. Il ne faut point citer les neiges : car les neiges ne sont sur les montagnes que parce qu’elles ne s’y fondent pas, surtout l’été: car, dès qu’elles se fon5 dent, il n’y en a plus.

Il faudroit baisser le lit des rivières par des machines. J’en ai vu une, à Venise, très bonne pour cela, faite par Bonneval. Toute l’eau que la terre reçoit, elle ne la rend pas

10 aux rivières: il en reste beaucoup dans son sein, dont elle s’imprègne. Il faut voir dans une livre de terre ce qu’il reste d’eau qui ne coule plus. Or, comme cette quantité de pouces (?) ne tombe pas sur la terre à la fois, tout ce qui tombe en moindre

i5 quantité que le compte susdit (sic) est nul: car il faut que l’eau soit en une certaine quantité pour qu’elle coule; autrement, elle se forme en gouttes et s’évapore par la chaleur. On voit bien combien l’effet de l’eau des pluies

20 est prompt et peu continuel. J’ai vu dans la Romagne des ruisseaux qui tombent de l’Apennin, qui, quand il pleut, s’enflent d’une manière à se rendre terribles. Si l’on les laisse couler une heure, ils redeviennent ruisseaux, à moins que la cause ne continue.

25 En un village du Tyrol, nommé Mittenwald, près les confins de la Bavière, on m’a fait voir des neiges qui étoient là depuis plus de cent ans : c’est qu’elles ne se fondent pas. Or, des neiges qui ne se fondent pas sont nulles. Aussi voit-on que les effets des

3o fontes de neiges ne sont pas modérés, comme ils devroient être pour être continuels, mais extrêmes.