Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/513

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de tous les principes, elle la conserve invariable. Or le plus ou le moins suffiroit pour changer tout. Les auteurs qui nous décrivent la Gaule n’ont pas pu errer au point de se tromper dans une chose si générale et si connue. Voyez, pourtant, comme 5 Justin la décrit! Nous accusons sans cesse les Anciens de trahir la vérité. Pourquoi voulons-nous qu’ils l’aimassent moins que nous? Ils devoient, au contraire, l’aimer davantage, parce que leur philosophie avoit pour objet les mœurs plus que la nôtre. 10 Cet admirable ouvrage de MM. de l’Académie que nous regardons comme la vérité physique sera sujet quelque jour aux reproches des modernes futurs, et ils ne pourront souffrir de lire des descriptions qu’ils ne trouveront pas conformes à ce qu’ils verront1. i5

704 (788. I, p. 51o).— Les animaux ont plus d’esprit à mesure qu’ils ont plus de facilités pour l’exercer: les singes, avec leurs mains; les éléphants, avec leur trompe; les castors, avec leur queue; les hommes, avec leurs bras et leur langue. î0

705(425. I, p. 38i). — Les brebis ne crient pas quand on les écorche, parce que les cris ne sont pas, dans leur machine, l’expression de la douleur.

706 (3i9. I, p. 333). — Sur les taches des envies

1. *Nota que j’ai ouï parler d’un Voyage d’Addisson où il a cherché à faire voir, par les choses que les poètes ont chantées, et par ce qu’elles sont à présent, combien il seroit dangereux de les croire. Mais ce qu’il attribue à des mensonges poétiques pourroit bien, peut-être, être attribué à des changements réels.*