Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/523

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eue. On ne l’a pas quand on a (sic) resté longtemps sans l’avoir. Les gens accoutumés à la mer, c’est-à-dire ceux à qui l’air de la mer a fait moins d’impression sur leurs fibres, y sont moins sujets. Enfin, malgré les saignées qui semblent avoir épuisé toutes les forces, 5 elles reviennent d’abord qu’on est guéri : marque certaine du ressort des fibres. Tout ce qui augmente le ressort des fibres, comme le vin, est fatal. Tout ce qui augmente leur action, comme les actes vénériens, y est fatal. Les femmes y sont moins sujettes 10 parce que leurs fibres sont plus lâches, et qu’elles ne font point, par une retenue naturelle, les débauches qui peuvent augmenter la crispation, et que, par conséquent, l’effet de l’air de la mer est plus tôt réparé. i5

Voilà pourquoi les îles, dont le climat est ordinairement sain par lui-même, sont si fatales quand elles sont situées dans des climats chauds; et l’on ne remarque point que ceux qui arrivent par terre dans les climats chauds y contractent ces maladies 20 de dissolution du sang, telles que celles que l’on éprouve en arrivant par mer à La Martinique et autres Iles Antilles, au Continent chaud de l’Amérique, aux Indes Orientales. Voilà pourquoi, lorsque l’on arrive par mer dans des climats froids, comme 25 au Canada, dans les établissements anglois, le long du golfe du Mexique, qui sont au nord, on ne connoît point cette maladie. Voilà pourquoi, dans les maladies des Antilles, l’air est très sain pour les habitants. Voilà pourquoi cette fièvre n’est point 3o proprement épidémique. On peut voir, dans Chardin,