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Liv. VI. Chap. IV.

qu’on appella de bonne foi[1], où la maniere de prononcer étoit plus dans la disposition du juge. Ceci étoit plus conforme à l’esprit de la monarchie. Aussi les jurisconsultes François disent-ils : En France[2] toutes les actions sont de bonne foi.




CHAPITRE V.

Dans quels gouvernemens le Souverain peut être juge.


Machiavel[3] attribue la perte de la liberté de Florence à ce que le peuple ne jugeoit pas en corps, comme à Rome, des crimes de lese-majesté commis contre lui. Il y avoit pour cela huit juges établis : Mais, dit Machiavel, peu sont corrompus par peu. J’adopterois bien la maxime de ce grand homme : mais comme dans ces cas, l’intérêt politique force, pour ainsi dire,

  1. Dans lesquelles on mettoit ces mots : ex bonâ fide.
  2. On y condamne aux dépens de celui-là même à qui on demande plus qu’il ne doit, s’il n’a offert & consigné ce qu’il doit.
  3. Discours sur la premiere décade de Tite-Live, liv. I. chap. VII.