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Liv. VI. Chap. VIII.


CHAPITRE VIII.

Des accusations dans les divers gouvernemens.


À Rome[1], il étoit permis à un citoyen d’en accuser un autre ; cela étoit établi selon l’esprit de la république, où chaque citoyen doit avoir pour le bien public un zele sans bornes, où chaque citoyen est censé tenir tous les droits de la patrie dans ses mains. On suivit sous les empereurs les maximes de la république ; & d’abord on vit paroître un genre d’hommes funestes, une troupe de délateurs. Quiconque avoit bien des vices & bien des talens, une ame bien basse & un esprit ambitieux, cherchoit un criminel dont la condamnation pût plaire au prince ; c’étoit la voie pour aller aux honneurs & à la fortune[2], chose que nous ne voyons point parmi nous.

Nous avons aujourd’hui une loi admirable ; c’est celle qui veut que le prince établi pour faire exécuter les lois, prépose un officier dans chaque tribunal,

  1. Et dans bien d’autres cités.
  2. Voyez dans Tacite les récompenses accordées à ces délateurs.