Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/191

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nuages noirs, l’eau sombre, glauque, dans une agitation perpétuelle, moutonnante, encrêtée, écumeuse, balancée par un écœurant mouvement… Les vagues couraient perpétuellement à l’assaut du rivage, se chevauchant, se dépassant, entêtées, hardies, méchantes, menaçantes, grosses et puis se brisant en dessinant de blanches volutes… Autour des rochers qu’elles submergeaient, sur lesquels elles se roulaient et s’étiraient, tous les verts d’émeraude, d’absinthe et d’opale, tous les bleus, et des blancs de savon, d’écume et de dentelle.

J’écoutais le bruit de la mer, suçant et roulant les galets, et les explosions dans les fosses des rocs. J’écoutais ce bruit profond et tragique. Le vent me claquait, j’avais le visage mouillé par les embruns, mais je continuais à écouter, et je continuais à regarder le spectacle passionnant des vagues qui se dressaient comme des chevaux sur leurs pattes de der-