Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/222

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sâmes. Je lui montrai le soleil éclatant, la mer radieuse, nous sourîmes, remplis de bonheur et d’espoir. Maintenant elle parlait, fébrile, un peu tremblante, agitée jusqu’au fond d’elle-même par ce départ, par cette fuite, le premier événement d’une existence toujours si simple et si unie, auparavant.

Nous arrêtions les détails de l’opération. Ses parents se couchaient aussitôt après dîner. Elle attendrait qu’ils fussent endormis. Puis elle se glisserait hors de sa chambre, sortirait du Goabren, et me rejoindrait dans une petite crique où Yvon, avec le Stiren er Mor, devait venir nous prendre, et où je serais à partir de 9 heures… C’était facile. Il faudrait un funeste hasard pour que cela ne réussît pas. Les Kéras dormaient bien. Ils ne s’apercevraient de la disparition d’Anne que le lendemain matin. Nous serions déjà loin. Et d’abord on la chercherait dans l’île ; on ne pourrait supposer qu’elle en était sortie. Ce