Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/95

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travers champs. J’allais à grands pas, le cœur plein à déborder, dans une puissante allégresse. Le monde me semblait d’une beauté neuve, primitive, innocente. Je sentais voluptueusement glisser mon sang dans mes veines, mon cœur battait régulièrement, ma poitrine se gonflait de lumière. Au centre de la mer sans rides et dans l’île éclatante, j’avançais, jeune, triomphal, immortel.

J’étais allé m’asseoir au milieu des rochers, là où je l’avais vue hier, et maintenant j’attendais. J’attendais qu’elle parût, mais paisible et sans impatience, car je n’en doutais point : elle viendrait. Comme hier, je la verrais tout à coup s’ériger sur cette roche, pareille à une statue dans la splendeur du matin.

Je m’étais remis à ma toile, et, l’œil à demi fermé, j’épiais des mariages de tons délicieux à la surface de l’eau. Il n’y avait pas d’autre bruit que le murmure timide des