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me suis même bien promis de ne pas recommencer. N’aie pas d’inquiétude cependant, ma bonne Albine, tu ne dois pas en avoir. J’espère que, quand cette lettre t’arrivera, tu seras aux eaux de Cheltenham… J’en attends un grand bien pour toi. Je voudrais que, la saison finie, tu t’établisses de suite, de manière à n’être pas obligée à de nouveaux frais d’établissement quand je te rejoindrai. Je t’ai écrit clans mes premières lettres que je désirais que tu m’attendisses en Angleterre. Je le désire encore, si tu le peux sans trop de dépenses, surtout si tu as l’assurance qu’on me permette d’y vivre avec vous. Sinon, je Crois qu’il serait plus raisonnable de n’y faire aucune dépense d’établissement, d’y vivre tout à fait en voyageur et de profiter de ton séjour aux eaux pour chercher un asile sur le continent où, avec nos revenus, nous puissions vivre heureux…

Cette lettre te prouve, mon Albine, toute la tristesse de mon âme, tout le besoin que j’ai de toi, je l’avoue, toute ma faiblesse ; mais peut-on rougir d’adorer sa femme, ses enfants…

Adieu, mon Albine toute aimée ; embrasse mes enfants pour leur père. Je recommande à Tristan de te rendre heureuse, de bien soigner ses sœurs. Tu dois lui apprendre qu’il est destiné à me remplacer et que ton bonheur est ma première pensée. Tâche que ma Lili ne m’oublie pas. Nous parlons tous les jours de vous ; à toi, tout à toi, pour la vie !

M.