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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/122

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LE FRONT CONTRE LA VITRE

résistances. L’Émigrant percheron ; Au Foyer de l’Habitant, Le Rang et la Paroisse, La Concurrence étrangère et l’Évolution industrielle ; et la dernière — la plus remarquable, au gré de M. Omer Héroux, La Loi naturelle du Développement de l’Instruction populaire. Cela est pétri avec de la chair. Nos manuels mentionnent avec timidité quelques efforts de colonisation vers Mont-Laurier, la Gaspésie, le Saguenay, ou l’Abitibi. Dans l’œuvre de Gérin, on vit cette colonisation, on en reconnaît l’innervation ; on prend contact avec une force vive. Sur un sujet pareil, avec Gérin, Raoul Blanchard et Louis Hémon, de bonnes cartes, des photographies aériennes, quelle leçon ! Et précieuse, et pratique comme une règle de vie. Paul Valéry semble regretter que l’homme s’excite « de souvenirs de souvenirs », et que l’« histoire alimente l’histoire ». Les hommes politiques, incapables de bâtir sur l’avenir, qui « n’existe pas », se déterminent sur le passé : l’échafaud de Louis XVI est celui de Charles Ier, et l’Empire de Napoléon, celui de Rome. Il serait, certes, malheureux que les hommes fussent satisfaits, comme c’est trop souvent le cas pour nous, de l’ombre d’un souvenir dont le propre est de se défigurer ; mais il est bon quand même que l’histoire alimente, non pas l’histoire, mais l’avenir. Je m’accorde cependant à Paul Valéry quand il réclame que l’historien découvre les « constantes » que M. André Lebey appelle, de son côté, la « conscience humaine ». « Accroissement de netteté, accroissement de puissance », dit encore Valéry. À cette condition seule, le souvenir se fait vigoureux.