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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/139

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ANGLAIS — FRANÇAIS

chose. Cette fois, nous touchons à l’« opposition constructive », point extrême d’une union des forces pour le triomphe de la valeur britannique.

Ainsi d’ailleurs au parlement, le second exemple que donne Madariaga. Deux partis en présence, deux équipes politiques, se livrent à un match d’éloquence sous l’œil de l’arbitre-speaker. L’opposition tance le pouvoir avec entrain, rarement avec violence, car les hommes sont rompus à la froideur et l’humour sert de soupape à leurs passions ; le pouvoir rétorque avec la même dignité aiguisée de sarcasme. Un mot brutal fait scandale au point de passer dans l’histoire. C’est une joute à laquelle les adversaires prennent un plaisir sportif. Les arguments posés, les bouches closes, la lutte est terminée et le travail peut commencer. Le champ est libre. L’opposition, satisfaite des coups qu’elle a donnés pour l’édification de l’électeur, laisse le pouvoir agir à sa guise. Bataille constructive menée par des hommes qui exercent leurs muscles, mais qui savent que la parole est vaine si elle ne conduit pas à l’action.

La collaboration spontanée, qui trouve sa source dans l’individu, se dilue en quelque sorte dans la société anglaise et la coagule en une masse solidement soumise aux lois collectives. Toute la nation apparaît, ordonnée comme une équipe. Chaque pièce est fidèle « à l’axe autour duquel elle doit tourner » et chaque Anglais oriente ses mouvements dans le sens des « coopérations sociales ». Et cette qualité grégaire entraîne les hommes « vers un but unique, par un sentiment unique du service social ».