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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/141

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ANGLAIS — FRANÇAIS

abandonne pas volontiers l’industrie ni le commerce, encore moins les finances, à moins que l’intérêt encore ne commande de desserrer une maille du filet dans l’espoir de capturer une plus grosse marée. Nos droits politiques, a-t-on mis assez de temps à les reconnaître, de guerre lasse et sans élan, et parce que les faits ont fini par nous donner raison et par tirer le fair-play de ses retranchements.

Car il a des retranchements, et c’est une des choses les plus intéressantes que nous dévoile la conversation de Madariaga. Le fair-play s’arrête aux limites du groupe. À l’étranger, l’Anglais en garde bien « quelque pli », mais sorti de son milieu qui est sa raison d’être, désinsularisé, il se contracte et la loi d’entr’aide reste sans vertu. N’est-ce pas ce qui se produit dans nos parties de hockey ? Qu’une équipe anglophone ou supposée telle — car dans les équipes de hockey comme dans les régiments formés pendant la guerre, il y a, sous des couleurs anglaises, bien des noms français — se mesure avec une équipe canadienne-française, les partisans se divisent avec netteté. Les spectateurs anglais s’opposent au camp français. Même si ses adversaires sont des Américains. Lorsque les deux équipes sont de Montréal, l’une légère et indépendante d’allure, l’autre lourde d’épaules et le front barré, le parti-pris monte au paroxysme. Le fair-play s’arrête aux nationaux. Mais une victoire française, c’est-à-dire un fait, finira par calmer l’adversaire et par réveiller chez lui de l’admiration devant l’adresse dont le succès, pour l’Anglais, demeure une preuve de supériorité.