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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/154

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LE FRONT CONTRE LA VITRE

rencontre chez les individus des réactions qui ne trompent pas ; mais j’avoue que la façon de placer la question à laquelle nous conduit la logique de Madariaga découvre des vacillements qui font craindre pour la flamme. Le mal est que nous négligeons, au milieu de l’oubli qui s’intensifie, les conditions indispensables au fonctionnement de notre esprit. Toujours le dédoublement entre une formation livresque et la vie ! Notre devise : Je me souviens fait office de manuel ; elle nous anime, certes, et paraît nous entraîner ; mais, elle est de plus en plus exsangue, et on a l’impression parfois qu’elle n’éclaire plus qu’une inconsciente fidélité. Par quoi se révèle la tragédie de notre histoire, raison d’un perpétuel retour sur nous-mêmes ; car la mort, pour nous serait dans la contemplation béate d’un passé que nous ne comprendrions même plus.

Les forces en présence sont donc inégales, comme elles le furent toujours, exigeant de notre part un rétablissement d’équilibre qui fut notre salut. Sur le plan nouveau où nous transporte Madariaga, je ne vois qu’une collaboration possible entre les deux groupes ; car ils doivent collaborer si, au-dessus d’eux, on admet un État aux exigences communes, où nous serions, sinon accueillis de plein cœur, chose inespérée, du moins respectés comme des égaux et des bâtisseurs : c’est l’opposition collaboratrice qui fait le succès du match de football, manifestation caractéristique de la psychologie anglaise. Construire dans une lutte mesurée par des règles rigides, dans l’agressivité d’un sport où, à la ténacité du muscle anglo-saxon, nous opposerions l’agilité re-