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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/210

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LE FRONT CONTRE LA VITRE

vaient revêtu le costume de nos bûcherons, qui devint vite un costume national dont il fallut expliquer l’origine : longues bottes souples, culotte beige, chemise à carreaux rouges et noirs, mouchoir au cou. Une évocation avant la lettre du film de Julien Duvivier, Maria Chapdelaine.

L’impression qu’ils ont créée, ainsi transformés en draveurs ? — Excellente. Ils ont conquis leurs auditoires. « Ils sont très sympathiques, écrivait un journaliste, ces grands gaillards à la voix admirable, à la mise pittoresque, bottés, sanglés, bien balancés. » Si les dettes sont autre chose que des impondérables dans l’atmosphère mouvante des amitiés françaises, nous devons à ces grands gaillards, pour emprunter la langue de leurs chansons, « une fière chandelle ».




La traversée fut charmante d’entrain et de cordialité. Elle eût été parfaite sans la sourde préoccupation du rôle que nous allions remplir dès notre arrivée en France. Il faudrait prendre la parole après d’autres, beaucoup d’autres, et de très impressionnants ; trouver quelque chose de nouveau sur un sujet vite retourné sous les coups de l’éloquence ; faire figure et porter les responsabilités de cette figure ; s’engoncer dans un personnage officiel. A-t-on suffisamment lu, compulsé, compilé, médité ? La vie de Jacques Cartier, qu’est-ce au juste ? Cartier, passe encore ; mais les circonstances de temps, de milieu, où sa vie s’est accomplie ! L’Europe de son époque, l’Amérique d’avant lui, les connaissons-nous