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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/220

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LE FRONT CONTRE LA VITRE

briété, sa tradition correcte. Son sourire est le secret de sa durée.

N’eût été notre mission, comme nous nous serions attardés sur les sables que le vent de la mer assouplit ! Nos artistes ont repris leurs chansons. À l’Hôtel de Ville, après les toasts et le champagne, quelle Marseillaise, hardie, martelée, d’un irrésistible mouvement ! La plus juste que j’aie entendue de ma vie. On croira que j’exagère comme quelqu’un qui vient de loin et qui, de surcroît, étant Canadien, a cette facilité dans l’éloge qui fait de nous les méridionaux du mord ? Voici quelques lignes d’un journal de Dinard, et auxquelles je ne veux rien retrancher de son allure galante :

« Le champagne coule à flots. Chacun se congratule ! Et le Chœur des Alouettes nous réjouit alors de quatre ou cinq chansons que tout le monde se souvient d’avoir entendues, enfant, sur les genoux des mères ou des nourrices. Chacun alors fredonne les refrains et l’on entend des lèvres pâlies de vieux Dinardais comme des lèvres plus roses de jeunes femmes, délicieux parterre fleuri dans cette pelouse d’habits noirs, le dernier vers répété de la Chanson de la Belle :

Et ses jolis yeux doux
Si doux.

« À toutes ces émotions charmantes succède, brusquement, le chœur sévère et enthousiaste à la fois de la Marseillaise comme peu souvent nous l’entendîmes en France, d’un accent si mâle, si entrai-