Aller au contenu

Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA FRANCE À GASPÉ




L ES envoyés des journaux parisiens ont déjà raconté l’arrivée à Gaspé. J’exprime les réactions du Canada français devant un spectacle qui fut, pour lui, une consécration.

La Baie de Gaspé semble un Jura aux vallées submergées de bleu. L’apaisement des machines marque l’arrêt prudent du navire. Les sirènes exultent. Des aéroplanes laissent tomber des fleurs. Du fond de la baie, détachées de la verdure par un mouvement d’ensemble, des barques de pêcheurs, aux couleurs raclées par le flot, s’avancent en plein soleil. Chacune porte, relié à des fanions, le blason d’une des provinces de France dont le Canada est issu : les lions lampassés d’azur, de Normandie, ou le lion léopardé, du Maine ; l’hermine rangée sur fond d’argent, de Bretagne ; les cinq tours, plaquées en triangle, du Poitou ; les trois lys sur fond bleu, de l’Île de France ; la levrette d’argent marchant sur une herse d’or, de Saint-Malo, dont la devise, Semper fidelis, boucle la nôtre : Je me souviens. « Ils connaissent mieux que nous nos provinces », dit-on autour de moi. Mais non : ils les étalent, ainsi que des titres