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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/247

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AU PAYS DE LA DÉCOUVERTE

Continuez. Les Anglo-Canadiens, vos compatriotes, et qui par vous se rattachent à Jacques Cartier, cèderont quelque jour à votre persévérance ; cherchant les « voies d’accord », ils dépouilleront le vieil esprit « racial » dont la France et l’Angleterre se sont débarrassées ; ils cesseront de vous comprimer — car le mot persécuter manquerait d’élégance en une occasion comme celle-ci — quand ils comprendront que leur avantage est de respecter en vous les franchises dont ils éprouvent tant d’orgueil pour eux-mêmes.

Nous y trouverons notre compte. Carleton, un de vos gouverneurs, eût meublé votre frontière de maisons françaises pour en faire un vivant rempart à l’envahissement américain. Votre loyalisme protège notre domination, ce qui nous reste de domination en Amérique. Si Champlain n’avait pas existé, le Canada serait yankee et Paul Morand aurait raison. Si Cartier n’avait pas franchi les mers, Théodore Roosevelt l’eût porté quand même à son programme de restauration, afin de se donner un Canada prospère et « bon voisin ». Vous nous aidez à façonner votre pays sur le modèle européen, et à le distinguer du peuple amorphe qui vous touche. Nous venons même apprendre de vous les chances de collaboration que la France nous offre en Europe où nous retient d’abord notre destin. Votre exemple est contagieux. — « Quoique tel ou tel État soit menacé par la confusion et la violence, les deux grandes démocraties anglo-saxonne et française resteront stables parmi l’écroulement des choses. »

À son tour, l’amiral Keyes ranime la flamme. Très britannique, nerveux, haut en couleurs, on sent