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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/27

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à sauvegarder nos traditions. Notre culture, il s’agit de la préserver en l’adaptant. « Absorbé matériellement, continuait André Siegfried, le Canada ne survivra que par ses influences intellectuelles. » Romier ne dit pas autre chose de la France placée en face des invasions américaines. L’Américain nous communiquera ses audaces que nous réduirons au service de notre génie. Notre passé nous guidera, notre passé qui n’a pas été conquis et qui nous reste. Ainsi de la tâche nouvelle, la tâche économique, nécessaire et dangereuse, où je distingue l’art parce qu’il est un signe extérieur ; ainsi de notre action sociale, où nous mettrons à la place des préceptes rigides d’une police collective la pénétration de notre catholicisme latin. La belle lutte ! Rendons-la lucide, nous qui l’avons conduite d’instinct. Demandons la victoire définitive à une formation appropriée. Autrement l’événement nous aura vite emportés.

Notre langue est aussi ce qu’elle est. Ne la dorons pas de nos susceptibilités. Nous avons d’amusantes réactions qui couvrent jusqu’à la moindre critique. Notre langue est intéressante dans sa vie, dans son évolution, dans sa défense. On le comprend mieux lorsqu’on la compare. L’anglicisme gagne le français de Paris, l’atteint, le crible, comme un microbe attaque un corps sain. Le sport naguère était touché. Aujourd’hui, d’autres membres sont envahis. On prend le five o’clock tea avec des toasts et du cake, le breakfast et le lunch. Un cinéma belge annonce un grand event dans la gentry anglaise, curieux retour à la langue franco-normande qui réjouirait Philippe Geoffrion. Bar et