Aller au contenu

Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
LE FRONT CONTRE LA VITRE

jaspée de verre qui scintille des reflets de mille miroirs. L’harmonie, qui faisait l’unité de notre terre, est rompue par ces conceptions hybrides. Nos villages les plus vieux résistent mal à l’envahissement des « machines à habiter » qui viennent on ne sait d’où, même pas des États-Unis où la maison blanche, à deux étages, au toit incliné, est sans doute fastidieuse parce qu’on la voit trop, mais ne manque pas de tenue.

On cherche vainement un spectacle tout à fait heureux : toujours une horreur surgit au détour de la route que l’on croyait bénie, à laquelle on allait s’abandonner de confiance. « Voyez, m’expliquait un homme de goût qui fréquente une villégiature agréable ; il y a un effort dont les pelouses adoucissent les prétentions ou les erreurs ; puis c’est le règne de la cabane. » Il exagérait, mais je vérifiais presque son propos à mesure que le chemin déroulait son déballage.

Ainsi, faute de nous surveiller, nous risquons de détruire le charme et la paix de notre pays français pour y substituer le désordre où notre renoncement s’épanouit dans de singuliers ramassis. La couleur aussi s’en va. La campagne s’éteint, dirait-on, de tant de maisons grises au bois lézardé, qui semblent pleurer la joie de vivre, et où l’on s’attriste presque d’apercevoir, au coin d’une fenêtre osseuse, le sourire d’un enfant. Quand on parcourt les provinces de France où, tous les cent kilomètres, la beauté du paysage humanisé se renouvelle, on se plaît à rêver devant ses lignes assouplies, à ce que serait le Canada français si, par