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Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/98

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LE FRONT CONTRE LA VITRE

de trois ans, et d’ailleurs, ainsi qu’il arrive à tous les économistes, ma prose ne valait que cendre et poussière. Tout de même, le temps s’est chargé de me donner raison : le tourisme, aujourd’hui, dépasse plusieurs de nos industries. Il n’est pas la proie des gros capitaux et il alimente beaucoup d’entreprises modestes où les nôtres trouvent leur subsistance. Il peut nous enrichir, à condition que nous gardions nos attraits. Attendrons-nous qu’on nous le prenne, pour nous lamenter ensuite sur la concurrence ? Vivre, c’est agir, aussi bien en économie qu’en autre chose, et c’est bâtir. On dirait parfois que, pour nous, c’est grommeler.




Sommes-nous si loin de Copenhague que sa lumière soit épuisée ? Quelqu’un qui ne ferait que passer parmi nous, qui ne nous verrait pas prier, qui ne nous entendrait pas parler, comment, à regarder nos œuvres, nous jugerait-il ? Baignons-nous dans une atmosphère française au point d’éclairer l’intelligence qui nous interroge du dehors ? L’œuvre d’art obéit au style. Avons-nous gardé un style, ou les avons-nous poursuivi tous dans une inspiration en désarroi ? Notre devoir et notre intérêt se conjuguent pour nous ramener dans la voie de nos traditions. Le problème, tout le problème, est de les adapter au milieu où l’histoire les a placées. L’effort seul en vaut la peine, par la patience et l’imagination qu’il exige. Refranciser, c’est plus qu’un mot d’ordre, c’est lacérer la chair par l’esprit, c’est renaître.