Aller au contenu

Page:Montreuil - Le secret de Zilda, conte canadien, paru dans Mon Magazine, février 1926.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

procès, qui eut lieu quelques semaines plus tard.

C’était la triste aurore d’une longue réclusion qui se levait pour le malheureux, et pour sa femme et ses enfants, le signal d’une vie de misère et d’humiliation.

Le procès ne dura que deux jours. La preuve était accablante. La justice ne pouvait hésiter devant le témoignage de la victime affirmant que Nado était bien l’homme qui avait tenté de l’assassiner. Mlle Nangin parut à la cour brisée d’émotion, et son extrême pâleur rendait sa beauté si touchante que les spectateurs se sentaient pris d’indignation pour le misérable qui avait osé violenter cette intéressante et candide enfant.

Nado protestait énergiquement de son innocence, mais ses dénégations lui donnaient l’apparence d’un criminel endurci, et lorsque Zilda Nangin, les mains jointes et le visage inondé de larmes, s’écria spontanément, implorant le juge : « Ayez pitié de l’accusé, il a une femme et des petits enfants », elle parut magnanime de mansuétude et de charité.

Le juge, avant de prononcer contre Nado la lourde sentence de vingt ans de pénitencier, s’attarda à parler de l’angélique bonté de la victime.

II


Comme Zilda Nangin allait reprendre son siège, après le geste de pardon qui avait ému l’auditoire, elle s’évanouit.

Hermas Nolier, un jeune médecin qui se trouvait dans le prétoire, lui prodigua ses soins. Il l’emporta dans une chambre voisine avec M. Nangin ; et lorsqu’elle rouvrit les yeux, ce fut le visage d’Hermas qu’elle vit penché sur le sien.

Après l’espèce d’effarement qu’elle éprouvait, depuis deux jours, à se trouver au milieu de cette foule curieuse, dans l’enceinte d’une cour de justice, elle sentit un véritable apaisement à voir fixé sur elle le regard anxieux et protecteur de ce beau jeune homme. Elle lui tendit la main comme à une vieille connaissance.