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66 i/OMBRE DE MOLIERE

Dites moy, qu'ay-je fait pour estre Traîné comme un pharisien? Si, dans mon plaisant entretien, Vos sottizes j'ay fait connoistre, En suis-je moins homme de bien? Quoy! divertir un si grand Maistre, N'est-ce donc estre bon à rien ?

Escrivains jaloux de ma gloire, Qu'icy bien-tost je reverray, Sans papier et sans escritoire, Si je repasse Ponde noire, Morgoy ! que je vous frotteray ! Comme à grands coups de decrotoire. Poètes, je vous decroteray ! Rimeurs qui rimez après boire, Entre le fromage et la poire, Parbleu ! je vous attraperay, Vous mourez, et moy je vivray, Vous pourrirez dans une armoire, Tandis qu'au Temple de Mémoire, Comme un soleil j'esclatteray. Quoy que l'on pense ou que Ton die De mon esprit ou de ma vie, De Molière on ne verra plus. La Parque, en extaze ravie, En tient en ceste tombe inclus L'original et la copie.