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l’aqueduc d’Arcueil. Il me souvient qu’un matin de septembre, c’est par un autre côté que j’ai gagné le village. J’ai longé les ruelles qui partent de la route d’Orléans. Il pleuvait. C’était une de ces douces pluies qui me prennent dans leur réseau léger, délicieusement.

L’eau coulait entre les pavés avec un murmure. Des poules picoraient au chant clair du coq. Le foin entassé dans les cours sentait l’humidité, et, sur le seuil des portes, des paysans silencieux regardaient dans le vide.

J’ai souvent aussi fait le voyage de Bièvre. Au temps où j’étais encore semblable au rapide fils de Pélée, je m’y rendais pédestrement, en partant de Malakoff. Quel plaisir j’ai goûté un jour au milieu de la route, à voir tomber autour de moi des grêlons tandis que je m’abritais sous un grand arbre aux branches et au feuillage drus ! Maintenant je prends le chemin de fer pour aller me promener mélancoliquement sur la route ombreuse qui va de Bièvre à Vauboyen. Et il m’est arrivé quelquefois de rimer, tout en marchant, des vers faciles :

Dans la vallée
Au creux charmant
La Bièvre coule
Et se déroule
Comme un ruban.