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STEPHANE MALLARME




Déjà c’est l’Automne, et dans ce tiède après-midi, et pendant ce soir frais, et lorsque le jour vaporeux blanchit la ligne horizontale.

O tendre Automne ! tu erres à présent sur les boulevards et devant les théâtres, mais je t’aime surtout palpitant aux lumières des boutiques.

C’est parmi les souvenirs de l’un de mes automnes, le plus charmant peut-être, que je retrouve l’image du poète Stéphane Mallarmé, qui vient de mourir.

J’habitais à cette époque, là-bas, un logis encore tout embaumé d’un amour qu’un départ soudain avait brisé. Je passais les nuits sous la lampe palladienne à composer les poèmes de mon premier recueil : les Syrtes. Je n’eus jamais par la suite autant de plaisir à rimer. Lorsque je me sentais fatigué,