Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/104

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Bouche plus suave que le miel
au creux des ruches amassé,
bouche plus vive que les hauts pavots
parmi la prée,
accole, ô sa bouche, rebaise la bouche mienne,
que tout forcené je devienne !
Ainsi, amour dernière à mon cœur née,
par bois touffus et sente étronçonnée,
j’irai, mené de mes fureurs errantes,
jusques au val où les eaux sont courantes,
et là, d’un saut, tôt me sera ravie
cette langueur de vous, avec la vie.
Alors, peut-être, un dieu sylvain me changera
en arbre dru, dont la verdure forte,
belle, t’abritera,
lorsque l’Auster moiteux les grêles nous apporte.
Alors, la Cyprine, peut-être,
de mon corps défunt fera naître
quelque haie aux jets éclatants,