Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/163

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la Vénus qui naquit du mâle seulement,
mais que j’avais souffert cette Vénus dernière
qui a le cœur couard, né’d’une faible mère.
Et pourtant, ce mauvais garçon, chasseur habile
qui charge son carquois de sagette subtile,
qui secoue en riant sa torche, pour un jour
qui ne pose jamais que sur de tendres fleurs,
c’est sur un teint charmant qu’il essuie les pleurs,
et c’est encore un dieu, Enone, cet amour.
Mais, laisse, les oiseaux du printemps sont partis,
et je vois les rayons du soleil amortis.
énone, ma douleur, harmonieux visage,
superbe humilité, doux-honnête langage,
hier me remirant dans cet étang glacé
qui au bout du jardin se couvre de feuillage,
sur ma face je vis que les jours ont passé.