Page:Moréas - Poèmes et Sylves, 1907.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

" sœur douce amie " , lui disais-tu, " douce amie,
les étoiles peuvent s’obscurcir et les amarantes avoir été
que ma raison ne cessera mie
de radoter de votre beauté ;
car Cupidon ravive sa torche endormie
à vos yeux, à leur clarté,
et votre regarder " , lui disais-tu, " est seul mire
de mon cœur attramenté. "
c’était (tu dois bien t’en souvenir), c’était
par un soir de la mi-automne.
" vos cheveux traînent jusqu’en bas et nimbent votre face,
et vos sourires sont les duègnes de votre vertu ;
ah ! Prenons garde que notre âme ne se fasse
putain, madame " , lui disais-tu.
" vos cheveux traînent, et vos yeux portent d’azur à la fasce
d’or, et votre corps est de lys vêtu ;
ah ! Prenons garde que notre désir ne se farde
pareil à quelque gnome tortu. "
c’était (tu dois bien t’en souvenir), c’était
par un soir de la mi-automne.