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louise labé

Là nous irons, là nos douces amours
Doucettement ensemble conduyrons,
Et d’un plaisir ensemble jouyrons,
D’un doux plaisir qui durera tousjours.

Donque la mort face hardiment sur moy
Ce qu’elle peult, j’aimeray constamment,
Et vif et mort en vous tant seulement
Vivra mon cœur, ma puissance et ma foy.

Les savants, les chanteurs et les artistes, tons les suppôts de l’Université et du Parnasse qui faisaient cercle autour de la femme d’Ennemond Perrin le cordier, relevaient apparemment leur enthousiasme pour elle par une forte dose de littérature. Mais je présume, en y laissant toujours une grande part aux Muses, que la passion du jeune Olivier fut plus naturelle.

Cette passion a-t-elle été payée de retour par Louise ? La question est malaisée à résoudre.

Dans une épitre badine, Jean-Antoine de Baïf plaisante son ami Olivier de Magny sur les maux qu’il endure pour l’amour de la belle poétesse de Lyon. Le pauvret, dit-il :

qu’Amour tourmente
D’une chaleur trop véhémente,
En oubli le povret a mis
Soy-mesme et ses meilleurs amis ;