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L'Utopie.

près des Rois. Vous devez donc être très éloigné de penſer que ce ſoit une perte réelle pour les Souverains que de n’en pas avoir à leur Cour, = Vous n’êtes, je le vois, tourmenté ni par l’ambition, ni par la ſoif des richeſſes. Cette élévation d’âme, cette délicateſſe de ſentimens, ne font qu’augmenter l’eſtime que j’ai déjà pour vous ; l’homme fier & courageux qui ſe contente dé mériter les honneurs ſans les rechercher, eſt auſſi reſpectable, ſelon moi, que le premier Grand d’un Royaume. Je ſuis néanmoins perſuadé que vous vous concilieriez tous les ſuſſrages, ſï, aux riſques de la gêne & des déſagrémens qu’il vous faudrait eſſuyer, vous vous déterminiez à entrer dans le Conſeil de quelque puiſſant Monarque, & à devenir ſon principal Miniſtre. Qui ne vous ſaurait gré de ſacrifier votre tranquillité perſonnelle, au déſir de conſacrer votre tems & vos lumières à la recherche des cauſes du bonheur public ? Comme vous ne donneriez que des conſeils, qui ſeraient en quelque façon la baſe ſur laquelle poſerait ce bonheur, il s’enſuit, que vous ſeriez à la fois celui du Prince & de la Nation, qui placeraient en vous leur confiance. C’eſt des Souverains, vous le ſavez, que dépend le deſtin des Empires ;

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