» meté & ſans hauteur, il en témoignait ſa
» ſatisfaction aux perſonnes qu’il regardait
» comme capables de bien remplir les em-
» plois qu’il ſe faiſait un vrai plaiſir de leur
» procurer. Il connaiſſait le Droit à fond; ſon
» éloquence était douce & inſinuante, ſon gé-
» nie vaſte, & ſa mémoire prodigieuſe. Tous
» ces avantages étaient le fruit d’un beau na-
» turel, heureuſement cultivé. De mon tems,
» le Roi & le peuple paraiſſaient avoir en lui
» une égale confiance; c’était le bras droit de
» l’un, & le plus sûr appui de l’autre. Lancé,
» pour ainſi dire, du ſein des Ecoles au milieu
» de là Cour, il occupa, dès ſa plus tendre
» jeuneſſe, des places dans le Miniſtere; en-
» ſuite expoſé ſur cette mer orageuse aux fré-
» quentes bouraſques de la fortune, il apprit
» à ſes propres dépens (& c’est la ſeule expé-
» rience dont on ne perd jamais le ſouvenir),
» il apprit, dis-je, à connaitre les hommes, à
» ſe défier d'une prospérité souvent momenta-,
» née à laſſer le malheur le plus opiniâtre,
» par une confiance à toute épreuve.
» Un jour que je me trouvais à dîner chez lui,
» je vis un certain Particulier qui me parut
» fort verſé dans la connaiſſance de vos lois.
» Je ne me rappelle plus à quel propos il fit
» naitre l’occaſion de parler de cette juſtice.
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