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foncièrement identique à celle à laquelle Jevons est arrivé par une voie différente. Cependant Walras ne s’est nullement inspiré des idées du professeur du Collège Owens, dont il ignora totalement les travaux économiques jusqu’au moment où, sa théorie publiée, M. d’Aulnis de Bourouill, alors étudiant à l’Université de Leyde, pais Jevons lui-même[1], vinrent lui révéler la coïncidence des résultats auxquels il était parvenu avec ceux qu’avait obtenus son devancier. Le point de départ du Professeur de Lausanne fut uniquement son désir d’appliquer le calcul des fonctions indiqué par Cournot à une théorie de la valeur d’échange exposée par son père A.-A. Walras, dans un ouvrage intitulé : De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur[2]. Du reste, loin d’éprouver du dépit du fait de la découverte de la concordance de sa conclusion avec celle de Jevons, Walras vit au contraire avec satisfaction dans cette concordance une confirmation de ses principes. C’est ainsi qu’il fut le premier à proclamer[3] la prio-

  1. Dans une lettre dont nous reproduirons plus loin la partie essentielle.
  2. Paris, 1831. — Walras étant dans un très grand nombre d’ouvrages qualifié d’ « économiste suisse » du fait qu’il a consacré une grande partie de sa vie à l’Université de Lausanne, nous ne croyons pas inutile de rappeler ici le curriculum vitæ de son père, tel qu’il figure dans le Dictionnaire de l’économie politique, de Ch. Coquelin et Guillaumin (4e tirage, 1873) :

    « Walras (Antoine, Auguste) inspecteur de l’Académie du Nord, né à Montpellier en 1801. En 1820 il entra à l’École Normale ; en 1831 il devint professeur de rhétorique au collège d’Évreux, et publia, peu après son arrivée dans cette ville, son premier ouvrage d’économie politique, sous les auspices de la Société libre de l’Eure. L’année suivante il ouvrit un cours d’économie politique ; et, après avoir été, de 1833 à 1835, principal du collège d’Évreux, il vint à Paris, professa l’économie politique à l’Athénée de cette ville, et, après avoir été reçu agrégé en 1840, il fut tour à tour professeur de philosophie au lycée de Caen et professeur de littérature française à la faculté des lettres de cette même ville. »

  3. D’abord dans sa réponse — dont nous citerons un passage ulté-