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CHAPITRE II

Objections à l’emploi des mathématiques en économie politique.


§ 1. — Les différentes espèces d’objections.

Malgré les grands avantages dont nous venons de nous efforcer de donner un aperçu, l’emploi des mathématiques a été fort mal accueilli à ses débuts, et s’il a fini par triompher à l’étranger, il est encore loin d’avoir conquis les économistes français. Mais, à vrai dire, ce n’est pas uniquement, tant s’en faut, dans la portée réelle des objections adressées à cet emploi qu’il faut rechercher les causes effectives de cet insuccès.

Ces causes sont en réalité au nombre de deux.

La première, d’ordre très général, consiste en ce fait que la mise en mouvement d’idées nouvelles rencontre fréquemment une résistance au départ considérable qui se développe au contact des principes préexistants.

Quant à la seconde, d’une nature toute spéciale, elle est constituée par le fossé qui sépare le domaine des études mathématiques de celui des études sociologiques, fossé plus infranchissable peut-être en France que partout ailleurs, ce qui expliquerait que ce pays soit le dernier où l’économie mathématique n’ait pas encore pu acquérir droit de cité.