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LE VAMPIRE

Le mouton descendit comme une ombre noire sur la raie étincelante du tranchant.

Le coup sourd et rapide fit passer un tressaillement dans la foule.

L’aide, placé devant la guillotine, tenait par les cheveux la tête livide du supplicié.

Il la jeta dans le panier.

Le corps poussé dans la manne fut rapidement chargé sur un fourgon qui attendait.

Le fiacre de l’aumônier se mit en marche.

Deux gendarmes à cheval prirent la tête du convoi qui se dirigea vers le cimetière d’Ivry.

Deux autres gendarmes suivirent.

Les spectateurs s’écartèrent et le sinistre cortège prit le galop, s’évanouissant dans l’ombre matinale, comme une fuite de fantômes…

Sur la place de la Roquette, il ne resta bientôt plus de trace de l’affreuse scène…

On jeta des sceaux d’eau.

Des ouvriers démolirent rapidement les bois de justice.

L’échafaud avait disparu quand le jour commença à poindre.

Il s’évanouit avec le matin comme un cauchemar qui s’envole…


CHAPITRE IX

Devant l’échafaud

Vers trois heures du matin, on pouvait voir, à une fenêtre du premier étage d’une maison de la rue de la Roquette, ayant vue sur la guillotine, une jeune femme qui pleurait, la tête appuyée dans ses mains.

Cette fenêtre avait été louée le soir même au liquoriste qui tenait la boutique du rez-de-chaussée.

De là, on voyait parfaitement le rond-point de la Roquette.

— Il ne faut pas rester comme ça en vedette, fit une voix au fond de la pièce.

La jeune femme se retourna.

La salle était obscure, mais on distinguait confusément l’ombre de plusieurs hommes.