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LE DOCTEUR-NOIR

Flack sut le rappeler à l’ordre.

— Tu vas nous faire pincer, farceur, lui dit-il,

— Ça suffit patron, je me range. Désormais ma conduite sera exemplaire.

Le Docteur-Noir regarda le jeune homme, bien vêtu, et porteur d’une moustache postiche.

Il se retourna d’un air d’interrogation du côté de Flack.

Celui-ci devança une question.

— N’ayez aucune crainte, Je vous raconterai tout cela plus tard. Ce gamin nous est tout dévoué,

— C’est la vérité pure, approuva La Marmite.

On atteignit la station de la Maison-Blanche.


    énergie et une conviction qui lui valurent le maximum des peines édictées par la loi, mais aussi de vives sympathies.

    « Ajoutons qu’il se maria civilement lors de sa majorité.

    « Quelques semaines après son mariage, il était arrêté pour son Journal-pamphlet, l’Anti-Ferry qui amena de nouvelles poursuites. — (C’est dans cette feuille que parurent les premiers feuilletons des Mystères du Crime.)

    « Morphy a commis à peu près tous les délits politiques. Il a été enfermé dans toutes les prisons de Paris. En additionnant ses diverses incarcérations on arrive au nombre respectable de quarante et une ! Bref, depuis l’âge de seize ans, jusque maintenant, il n’a pas eu plus d’une année de liberté ; et encore a-t-il été obligé de se cacher ou de vivre en exil pendant ce court laps de temps.

    « Certes, à voir le jeune Morphy, dit le Voltaire du 13 février 1885, on ne devinerait guère en lui un farouche révolutionnaire !

    « Vous vous l’imaginez peut-être hâve, maigre, le visage émacié, les yeux creusés par la souffrance, un éclair sombre jaillissant de ses prunelles… quelque chose comme la physionomie d’un Barbés ou d’un Blanqui ?

    « Oh ! pas du tout !

    « C’est un beau garçon, à l’air à la fois doux et fier, timide et orgueilleux ; qui n’a rien de féroce. Une magnifique chevelure blond foncé, avec une mèche qui se redresse sur le sommet du front. La tête légèrement inclinée à gauche, Vous le prendriez pour un séminariste, en dépit de sa haine contre les cléricaux…

    « Mais il est le fils d’un ardent catholique… et tout s’explique.

    « S’il a dans les veines du sang royaliste et clérical, il y coule aussi du sang révolutionnaire. Sa mère avait pris part à l’insurrection de 1871 ; elle fut même arrêtée après l’entrée des troupes de Versailles.

    Cette dualité d’origine explique suffisamment les contradictions de cette nature bizarre. M. Michel Morphy, c’est Chérubin déguisé en insurgé… »

    Ce portrait qui ne manque pas de quelque ressemblance a été fait par un journal hostile aux idées de Michel Morphy.

    Il a le mérite de montrer sous un jour plus vrai un écrivain qui a passé sa vie dans les cachots et dont la bourgeoisie a voulu faire un épouvantail.

    l’Éditeur.