Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/120

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occuper une chaire pontificale : Cosme de Maïoume et André de Crète se répondent aux matines et aux vêpres par un triple cantique, alternatif du matin au soir et du soir au matin ; l’un et l’autre, semblables à des astres, éclairent de leurs lumières ces jours sacrés. À chaque office de matines, nous sommes tirés de notre sommeil de péché par la main bienfaisante de l’Église qui nous envoie combattre spirituellement ; elle frappe, pendant qu’il en est temps encore, à la porte fermée de notre cœur, de crainte que le Seigneur, qui doit venir, ne nous trouve dormant d’un sommeil sans réveil :

« Voici l’Époux qui s’avance au milieu de la nuit ; heureux le serviteur qu’il trouvera veillant ; doublement indigne sera celui qu’il trouvera dans l’assoupissement. Attention donc, ô mon âme ! ne te laisse point appesantir par le sommeil, afin de n’être point livrée à la mort et de ne point rester en dehors de la porte du royaume ; mais sois vigilante et écrie-toi : vous êtes saint, saint, saint, ô Dieu ! par l’intercession de la sainte Vierge, faites-nous miséricorde ! »

Et nous, tirés de notre assoupissement par cet appel salutaire, et dans la conscience de notre indignité, nous pleurons comme Adam devant les portes du paradis, comme une fiancée abandonnée au seuil de la couche nuptiale : « Je vois votre demeure magnifique, ô mon Sauveur, mais je n’ai point de vêtement pour y paraître : donnez de l’éclat au vêtement de mon âme, vous, dispensateur de lumière, et sauvez-moi ! »