Page:Mouravieff - Lettres à un ami sur l'office divin de l'Eglise catholique orthodoxe d'Orient, trad. Galitzin, 1850.djvu/96

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De tous les morceaux d’éloquence spirituelle, dont nos livres d’offices sont remplis, le plus long et le plus remarquable est sans contredit le grand cantique de saint André de Crète : dans ses aperçus élevés, il embrasse à la fois les deux Testaments, il présente d’une manière tout à fait particulière quelques-unes des grandes figures de l’histoire sainte, il prend occasion de leurs chutes mêmes pour nous fournir des sujets d’édification, et nous arrache des larmes par les larmes qu’il leur fait verser. Chaque chant commence par une supplication, après quoi nous voyons défiler, comme à une revue mystique, nos premiers parents, les patriarches, les juges, les rois et les prophètes de l’ancienne alliance, unis entre eux par une chaîne de profondes pensées ; puis, comme exténué sous le poids de ses contemplations, le poêle du désert revient à la prière et va puiser dans l’Évangile des expressions capables de rendre les élans de son âme vers Dieu. Tout le neuvième chant, qui couronne ce cantique, est exclusivement consacré à la mémoire de la vie terrestre du Rédempteur. Il serait trop long de reproduire ici toute cette œuvre sublime ; mais je vous en ferai connaîtra quelques passages frappants, pour que désormais vous assistiez avec plus d’attention à cette lecture :

« Par où commencerai-je à pleurer mon odieuse vie de péchés ? Mes sanglots, ô Jésus-Christ, seront-ils le commencement d’une vie meilleure ? Toutefois dans votre miséricorde, accordez-moi la rémission de mes nombreux péchés. »